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Suzan Öztürk

Le dessin -   est le point de départ de ma pratique artistique - un prolongement de moi-même, intime et instinctif.

La puissance du trait est un cri dans l'"ici et maintenant". Violent dans son immédiateté à faire apparaître ce que le langage ne parvient pas à dire.

Autrefois, je dessinais, je sculptais des visages. Des bouches grandes ouvertes, béantes mais comme empêchées - le son, le verbe, retenus.

Les corps, les visages, je les ai toujours appréhendé de l'intérieur. Notre intériorité tirée au devant de la scène, porteuse d'une vérité universelle.

Présence qui donne à voir ce qui est enfoui au plus profond de nous et que je cherche à rendre perceptible.

Nous portons tous l'humanité de l'Autre en nous.

A ce moment-là, je ne parvenais plus à dessiner, ni à sculpter. La représentation de l'humain était devenue trop lourde, oppressante. La création s'était suspendue. Je m'interrogeais sur le sens de mon travail.

Mais en filigrane surgissait déjà une esthétique singulière, graphique - Une forme intérieure qui aujourd'hui encore ne me quitte pas. Une langue visuelle qui m'est propre, indissociable de moi-même -  une évidence.

Je vois des lignes noires, puissantes, criantes. Je ressens la matière, la tension, le contraste. Et toujours en arrière-plans, l'image des lettres noires imprimées sur le papier blanc de mes premières lectures.

 

C'est à ce moment-là qu'une nouvelle "ap-préhension"s'est imposée à moi : le textile, pour sa souplesse et sa malléabilité - et peut-être aussi comme une réminiscence de mes origines, des tapisseries turques. 

Une voie vers l'abstraction s'ouvrait.

L'être humain est toujours là, figuré ou non. Il transparaît dans le geste même, dans chacune de mes réalisations.

Il habite la matière, s'inscrit dans chaque tension de la ligne tirée.

Le Geste Textile n'est pas ornement. Il ne s'inscrit dans aucune tradition du faire. Les prouesses techniques ne m'intéressent pas. Chaque matière, ligne ajoutée doit être nécessaire à la réalisation de l'ensemble. Ne pas être dans un savoir-faire laborieux mais par un procédé simple, aller à l'essentiel.

C'est une autre manière de dessiner : le corps entier s'y engage, déplacement, mouvement - chorégraphie d'une danse improvisée et poétique.
Un déploiement du corps et du geste dans l'espace.

Réconciliation avec soi-même. Se sentir unifiée.

 

Sur un châssis en métal, tendre  des fils et pour plus d'épaisseur, découper du tissu en lanières, du cuir, du plastique...

Je n'avais pas encore conscience du lien avec le trait, le dessin. C'est un travail qui se situe entre la sculpture (volume, matière) et le dessin (le trait, la ligne.)

 

Le Geste Textile    FEND,  OUVRE,  PERFORE    l'espace.

Le trait devient tension, incision.

Une mise à nu de l'être-là, dans ses tension intimes, sociales, politiques.


 

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Mes créations, le Geste Textile

Dessiner dans l'espace

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